Pourquoi l’ours est mieux accueilli que le loup

Publié le par Luuna

SUISSE

Pourquoi l’ours est mieux accueilli que le loup

dimanche 10 juin 2007

Un deuxième plantigrade a franchi la frontière italo-suisse. Comme en 2005, l’arrivée de Nounours a suscité des réactions ravies. Au même moment, le retour des loups continue de provoquer des polémiques. Comment expliquer ces différences de traitement entre les deux fauves ? Les explications d’une experte.

 

L’ours est de retour. Deux ans après Lumpaz, qui a passé un été sur le territoire suisse avant de poursuivre sa route vers l’Autriche, voilà qu’un deuxième plantigrade débarque dans les Grisons.

Repéré dimanche dernier sur les hauteurs de Zernez, aux portes du Parc national suisse, cet amateur de miel arrive probablement d’Italie, où une population d’ours bruns ne cesse de croître dans le Trentin. S’agit-il d’un autre rejeton de Jurka, la mère de Lumpaz ? L’avenir et la génétique nous le diront bientôt.

Comme le retour de Lumpaz, l’arrivée de ce nouveau spécimen, le deuxième depuis près de 100 ans à passer la frontière, a été globalement bien accueillie en Suisse, même si les éleveurs grisons ont dû prendre des mesures pour protéger les troupeaux et... les ruches.

Des précautions qui nous rappellent que le plantigrade, sous ses dehors de grosses peluche, ne mange pas que des baies. « L’ours n’est pas végétarien, il est omnivore, comme nous. Ce qui veut dire qu’il lui arrive aussi de croquer des animaux de temps en temps. C’est un sauvage, et ça ne sert pas sa cause de le présenter comme un animal inoffensif », rappelle Sophie Bobbé, une anthropologue française qui a analysé les représentations symboliques de l’ours et du loup.

L’ours est humanisé

Bien que les deux prédateurs aient souvent cohabité dans les forêts européennes, où ils ont pu constituer des menaces comparables pour les humains et les troupeaux, ils sont perçus de manière très différente.

« Le plantigrade est souvent individualisé, dit-elle. On parle rarement des ours. On lui donne un nom, on le distingue des autres, bref, on l’humanise, parce que l’ours est perçu comme notre alter ego sauvage. Rien de tel avec le loup qui renvoie à la sauvagerie. Le loup est une bête que l’on ne distingue pas de la meute. Quand on l’évoque, on voit la horde, le collectif. »

Cela se vérifie dans les fables et les contes. Alors que les Nounours, les Winnie et autres Collargol abondent, Isengrin est le seul loup qui a hérité d’un nom. Et encore.

« Dans les Fables de La Fontaine, le loup est un idiot qui est régulièrement berné par Goupil », note Sophie Bobbé.

Pour l’anthropologue, cette humanisation de l’ours ne date pas d’aujourd’hui. Elle ne doit pas être mise sur le compte de l’urbanisation de nos sociétés qui auraient une vision romantique de la nature. Le plantigrade doit d’abord son image positive à sa physionomie, à cette grosse tête et ses petites oreilles rondes qui l’humanisent et l’infantilisent, sans oublier sa capacité à se tenir debout sur deux pattes, et même sa sexualité qui font penser à l’homme. « Quand il a décrit l’ours, le Romain Pline a observé qu’il s’accouple face à face, comme les humains. »

L’ours et le lynx reçoivent un nom

Le grand retour de l’ours en Suisse, durant l’été 2005, a parfaitement confirmé cette analyse de l’anthropologue française. Dès que le sexe de l’animal a été connu, grâce à des études génétiques, un concours de noms a été organisé et l’ours des Grisons s’est rapidement transformé en un Lumpaz très fréquentable. Et très recherché, si l’on en juge par le nombre de touristes qui ont aussitôt accouru.

Le plantigrade n’est pas le seul à bénéficier de ces familiarités bienveillantes. Les lynx élégants héritent eux aussi de petits noms sympathiques, tels qu’Ayla, Wero, Noia, ou même Zorro.

Rien de tel avec le loup. Alors que ce grand prédateur a remis la patte sur notre territoire depuis 1994, on continue, par exemple, à parler de la louve du Simplon pour désigner la femelle qui s’est établie dans la région depuis l’été 2002.

Et l’animal qui a échappé aux tirs des gardes-chasse valaisans, l’année dernière dans le Chablais, n’a pas davantage été baptisé, ce qui, en terres catholiques, en dit long.

Comment expliquer que l’ours, qui croque lui aussi un mouton de temps en temps, et qui peut se révéler dangereux pour l’homme (sans doute davantage que le loup), bénéficie d’un tel traitement de faveur.

« Dans les régions d’Espagne, où l’homme, l’ours et le loup n’ont jamais cessé de cohabiter, on admet que l’ours, lui aussi, doit manger. On considère que ses proies sont, en quelque sorte, la part du pauvre. C’est un peu l’assiette que l’on mettait autrefois sur la table, pour le mendiant qui venait à passer », répond Sophie Bobbé.

Un raisonnement qui ne vaut pas pour le loup, préférence qui s’explique par l’appétit raisonné de l’ours. En effet, quand le plantigrade se met en chasse, il prélève un animal, en savoure aussitôt les meilleurs morceaux, puis laisse le reste de la viande faisander, avant de revenir finir son assiette un peu plus tard.

« D’une certaine manière, il gère son garde-manger comme nous, conclut l’anthropologue. L’ours a une approche rationnelle de son alimentation, contrairement au loup qui tue beaucoup plus de bétail qu’il n’en mange, et qui fait ainsi preuve de démesure, d’excès, bref, de sauvagerie. »

 

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