La culpabilité du berger tueur du loup réclamée

Publié le par Luuna

Savoie : procès en appel pour le tueur de loup

La culpabilité du berger tueur du loup réclamée

vendredi 1er décembre 2006, par le Dauphiné Libéré

 

Une incontournable "rectification de tir". Imposée par une application simple et stricte de la loi interdisant, à la fois, l’ouverture du feu sur un chien errant et sur un loup, espèce protégée.
 
Sur ce mode de l’issue inéluctable, l’accusation comme les cinq associations de protection des animaux, parties civiles, ont réclamé, hier devant la cour d’appel, la condamnation du berger qui a abattu un loup pendant l’été 2005. Il avait été relaxé en première instance.
1 000 € d’amende ont été requis contre lui par le substitut général, Pierre-Yves Michau, au ministère public. Son « imprudence et sa négligence d’avoir fait feu en direction d’un animal dont il ne s’était pas assuré que ce n’était pas un loup » emportant, à coup sûr, sa culpabilité. « Pour que son geste ne soit pas imité, pour qu’il ne soit pas répété », a-t-il précisé. Et pour que l’équilibre précaire entre un loup contenu par des "tirs autorisés" et la permanence de l’activité d’élevage ovin en montagne ne soit pas rompu.
Denis Dupérier, 56 ans, l’alpagiste, a toujours clamé sa bonne foi et sa surprise de non-chasseur d’avoir réussi un tel impact à une telle distance.

« Persuadé que c’était un chien »

« J’ai visé, j’ai tiré. J’étais persuadé que c’était un chien, la nuit tombait, il allait manger ma chèvre ». Il avait trouvé l’assaillant « bizarre ». Après. Comme son frère, Pierre, 54 ans, qui devait transporter la carcasse jusqu’aux marches des officiels, sûrs jusque-là de la totale absence du prédateur dans ce massif.

Incrédulité totale de l’accusation et des parties civiles. Sur la qualité suspecte de tir, d’abord. Sur la non-idenfication hasardeuse de la cible ensuite. Sur la méconnaissance incroyable de la législation des deux frères, tous deux actifs agricoles. « Ce jugement est résolument dangereux », a conclu Me Sébastien Goguel, de ce côté-là de la barre. « Il revient à dire : si vous n’êtes pas chasseur, si vous abattez un loup sans témoin, si vous racontez que vous l’avez pris pour chien, alors, ce sera bon, vous serez relaxé ».

La messe est loin d’être dite, en revanche, d’après Me François Bern, à la défense. Selon lui, l’article L 427-9 du code de l’environnement autorise le propriétaire ou le fermier à détruire, même avec des armes, des bêtes fauves portant atteinte à ses propriétés. « C’est le droit du berger, le devoir j’ai envie de dire, fondamental, ancestral, de neutraliser un chien errant qui s’en prend à son troupeau ». Appliqué, estime-t-il, en l’espèce, par Denis Dupérier, et reconnu par le premier juge.

13 000 € de dommages et intérêts sont sollicités des deux frères par les associations. La confirmation de la condamnation de Pierre Dupérier, passé au second plan, a été demandée et sa relaxe également plaidée. La cour prononcera son arrêt le 11 janvier.

Manifestation des éleveurs

Pas de slogan provocateur, pas de débordement. Du vin chaud, de la paille, des filets de protection et une vingtaine de patous, les chiens anti-loups.

Dans cette mise en scène assez sobre, autour d’une peluche de loup pendue haut et court, une centaine d’agriculteurs a assuré une présence tranquille de soutien, hier, devant le palais de justice où étaient rejugés les frères Dupérier.

« Nous voulions être plutôt “soft ” », confirmait le président de la FDSEA de Savoie, Jean-Marc Guigue, à l’origine du rassemblement avec les jeunes agriculteurs du département. « Le premier jugement nous avait à peu près satisfaits. Denis avait fait ce qu’il avait à faire. Les meutes sont là. Partout où la protection a pu être mise en place, elle l’a été, c’est à dire dans 80% des cas enMaurienne ». Le responsable syndical estime entre 2 000 et 4 000 Y le coût, en surplus des aides de l’État, pour la protection d’un cheptel. « Restent les petits troupeaux et ceux des alpages aux accès difficiles ».

 

D’après la FDSEA, il y a eu 130 attaques en Savoie cet été, 600 brebis et trois bovins ayant été tués. L’entrée habituelle du palais de justice avait été fermée, les accès par l’arrière étaient filtrés. A l’intérieur, une bonne vingtainede policiers prêts au maintien de l’ordre et un peu plus loin, se tenait en réserve un demi-escadron de gendarmes mobiles…

 

 

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