Trois loups bientôt capturés dans le Mercantour

Publié le par Luuna

Trois loups bientôt capturés dans le Mercantour

lundi 2 octobre 2006, par l’Agence France Presse

Trois loups vont être capturés dans les prochains mois au sein du Parc national du Mercantour afin d’être équipés de colliers permettant un suivi télémétrique de leur mode de vie et habitudes alimentaires, une première en France.
 
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Le lancement de cette expérience interviendra à la mi-octobre, avec l’arrivée dans le Mercantour (Alpes du sud) d’un trappeur américain spécialisé dans la capture des loups, l’une des étapes les plus délicates de l’opération.

Carter Niemeyer, réputé pour avoir joué un rôle pionnier dans la réintroduction et l’étude de ces animaux aux Etats-Unis, effectuera un séjour de trois semaines pour former une équipe française au piégeage du prédateur. "Nous espérons pouvoir les capturer d’ici fin avril, mais ce n’est pas gagné", reconnaît Benoît Lequette, chef du service étude et gestion du patrimoine au Parc national du Mercantour.

"L’être humain est présent jusque dans la zone centrale du Parc du Mercantour : ça rend le loup plus méfiant et le piégeage plus délicat que dans les grands espaces américains déserts", poursuit-il.

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Les scientifiques français tenteront leur chance avec la seule technique de capture homologuée en Europe : un lacet prenant l’animal à la patte. Aux Etats-Unis, des mâchoires souples, conçues pour ne pas blesser l’animal, sont utilisées pour le piéger. La méthode est généralement jugée plus efficace.

Entre vingt et trente loups passent l’hiver dans les montagnes du Mercantour où le prédateur a fait sa réapparition il y a une dizaine d’années.

Une fois attrapés, les loups seront équipés, selon leur poids, de matériel VHS, avec transmission de données par ondes hertziennes, ou GPS, avec transmission des informations par satellite via un téléphone GSM.

L’expérience, qui associe le ministère de l’Environnement, le Parc national du Mercantour et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), s’inscrit dans le cadre d’une étude lancée en 2001 pour évaluer les conséquences de la présence du loup sur les ongulés sauvages -cerfs, chamois, chevreuils, mouflons. Parmi ces derniers, une quarantaine d’individus sont déjà équipés de colliers émetteurs destinés à renseigner les scientifiques.

Le suivi du prédateur apparaît comme un complément indispensable à celui des proies, estime Benoît Lequette : "nous obtenons déjà un certain nombre de données par analyse des traces sur la neige, des crottes ainsi que par le biais de la génétique mais le suivi télémétrique nous permettra d’avoir une idée beaucoup plus précise de la place occupée par le loup dans l’écosystème alpin".

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Les chercheurs souhaitent comprendre "comment les ongulés modifient leur comportement, l’occupation du territoire, en fonction de la présence du loup, et si celle-ci affecte réellement leur démographie sur le long terme".

Si un tel pistage n’avait jusqu’ici jamais été entrepris en France, contrairement à d’autres pays, c’est "parce qu’il y a eu pendant des années une rétention d’information concernant le loup", estime Bernard Baudin, président de l’ONCFS, qui veut voir dans cette opération le signe d’une "décrispation" autour de la question.

Les associations de défense de l’environnement n’ont pas tardé à faire connaître leurs réserves : "est-ce qu’au-delà de la bonne foi des scientifiques, l’opération ne servira pas à marquer des loups pour le jour où il sera décidé d’en éliminer de nouveau ?", craint la fédération France Nature Environnement (FNE), interrogée par l’AFP, tout comme l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas).

" Aucun risque ", affirme le parc du Mercantour et l’ONCFS, "le cadre de l’étude reste strictement scientifique".

Par Sophie MAKRIS

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