Tirs de loups
Tirs de loups : le Conseil dEtat inverse la charge de la preuve
mercredi 27 avril 2005, FNE
Le Conseil dEtat vient de se prononcer sur le fond du recours déposé en août 2004 par la fédération France Nature Environnement et trois autres associations (lASPAS, la SPA et la Convention Vie & Nature). La décision du gouvernement de procéder à quatre tirs de loups en 2004 na pas été désavouée au motif que la destruction de 10 % des effectifs ne compromet pas la viabilité dune population dont laccroissement annuel est, selon lEtat, de 20 %. Le Conseil dEtat a estimé que les associations nont pas été en mesure de prouver que laccroissement était inférieur et quen conséquence, les tirs constituaient une menace pour lespèce.
Est-ce bien aux plaignants dapporter ce type de preuve ? FNE considère que cest à lEtat, garant des engagements internationaux de notre pays et doté de moyens scientifiques et techniques, dapporter la preuve de ces données et de les interpréter dans une optique de précaution liée aux impératifs de protection de lespèce.
Or, non seulement lEtat na pas fait la preuve de ce quil avance mais il a mis en uvre les premiers tirs de régulation de lespèce - tirs jugés totalement inutiles par une majorité de scientifiques spécialistes de lespèce - alors quil existait des solutions alternatives susceptibles dêtre réellement efficaces pour diminuer les attaques sur les troupeaux. Les tirs ne remplaceront jamais lindispensable capacité danticiper sur les nouveaux territoires de présence du loup (mise en place des premières mesures de prévention avant le début dattaques éventuelles) et le conditionnement des indemnisations à la mise en uvre effective des moyens de prévention. Là sont les mesures vraies et courageuses.
A lheure où la perte grandissante de la biodiversité est lune des graves menaces qui pèse sur la planète, la fédération France Nature Environnement regrette vivement que le Conseil dEtat nait pas su évaluer non seulement le risque que représentent ces tirs pour la viabilité du loup en France mais aussi le caractère éminemment politique de cette mesure pouvant même savérer contre-productive (éclatement des meutes et accroissement des attaques sur les troupeaux). Valider les destructions de loups cest aussi nier les efforts de nombreux éleveurs qui sinvestissent dans la prévention et obtiennent dexcellents résultats. Cest encourager ceux qui refusent toute protection de leur troupeau, empêchant ainsi les attaques de reculer.
La détermination de France Nature Environnement à faire respecter le droit international reste cependant intacte. Tout comme sa capacité à se mobiliser sur le terrain si les tirs reprennent et à militer pour que lhomme sache partager cette terre.